Liberty-Jeep History WW II
Liberty-Jeep History WW II
Drapeau canadien d'époque

 

 

 

 

 

Du HAVRE à DUNKERQUE en Septembre 1944

 

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Les Canadiens libèrent la Côte d Albâtre et la Côte d’Opale.

 

Le Canada fleuri

Libération du Havre, ville martyre …

 

Depuis le 6 juin 1944 le débarquement a amené les troupes alliées en Normandie mais sur les plages du Calvados à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la ville du Havre et de son port. Bien que ce littoral soit visible depuis la grande localité située à l’embouchure de la Seine, dans la même baie, la situation géographique particulière et les aléas des combats qui se déroulent dans le bocage, l’orientation de l’avancée des troupes ne se dirige pas directement vers la Seine Inférieure, nom donné à ce Département à l’époque avant d’évoluer vers le pseudonyme de Seine-Maritime.

 

En septembre les Havrais attendent toujours leur Libération avec une certaine impatience, Paris, loin de là, a déjà été libéré depuis le 25 août.

 

Après la cuisante débâcle subie par leurs colonnes en repli dans la poche de Falaise et surtout à Trun et Chambois à la suite de l’avancée de la Brigade belge Piron en direction d’Honfleur et des troupes britanniques rejetant les teutons au-delà de la Seine, l’envahisseur qui sentait déjà le vent tourner avait déjà donné l’ordre aux habitants d’évacuer la ville du Havre dès le mois d’août. Cependant, la population, dans sa grande majorité, ne bougea pas et resta dans ses foyers pensant que tout se passerait rapidement et que les « fritz » s’enfuiraient très bientôt vers la frontière belge, bien heureux d’échapper à l’encerclement. Les Alliés arrivant aux abords de la ville le 3 septembre 1944 propose la reddition pure et simple aux Allemands qui la rejette. Le général Crocker, commandant le 1er Corps britannique encercle déjà la ville et le plan exige une préparation soignée. Entre le 5 et le 11 septembre, celui-ci avait établi pour objectif initial de neutraliser l’artillerie ennemie afin de s’emparer des installations portuaires en eaux profondes dont les Alliés, en route vers le nord de la France et à terme vers l’Allemagne, avaient besoin pour assurer leurs ravitaillements en carburant et munitions. Cette opération avait pour nom de code « Opération Astonia ». L’entêtement des Allemands à garder leurs positions agaça fortement le Haut-Commandement allié qui prit une décision pour le moins surprenante sinon terrible : dès le 5 septembre, 348 bombardiers britanniques déversent 1.820 tonnes de bombes explosives et 30.000 bombes incendiaires au phosphore sur le Sud-Ouest de la ville sans discernement ainsi qu’un appui maritime des canons de 15 pds du Cuirassé Warspite et du monitor Erebus. Le centre-ville est rasé et seul le théâtre reste debout. Les aviateurs sont remis à contribution dès le lendemain 6 septembre en six vagues d’assaut. Là encore les dégâts sont énormes ; la partie Est de la ville reçoit 1.458 tonnes de bombes explosives et 12.500 bombes incendiaires.

 

Dès le 10 en début d’après-midi, l’attaque terrestre débute. La 79th Armored Division lance ses chars fléau destinés à déblayer les champs de mines, les chars « Crocodiles » lance-flammes ou « pétards » pour attaquer les fortifications en béton et ses divisions d’infanteries montées sur des « Kangaroos ». Le 12 septembre, les anglo-canadiens formés des 49th (West Riding) et 51st (Highlanders) divisions entrent dans la ville et reçoivent alors la capitulation des troupes des Huns.

Hermann-Eberhard Wildermuth

 

 

 

 

 On s’aperçoit alors que la majorité des quelques 11.000 hommes formant la garnison commandée par le Colonel (Oberst) Hermann-Eberhard Wildermuth était cantonnée à l’extérieur et sur les hauteurs de la ville.

Les Britanniques ont perdu un peu moins de 500 hommes. La R.A.F s’étant acharnée à pilonner les zones civiles de la localité aurait pu être accusée à juste titre de crime de guerre mais les ordres émanant de Londres, il n’en fut rien. Les bombardements sporadiques continueront jusqu’au 10 du mois. Le 18 septembre, Les G.I’s américains arrivent au Havre et constatant l’étendue de ruines,  s’installent au 16ème port. Le port, parlons-en, considérablement détruit ne sera ouvert que le 9 octobre et servira uniquement au ravitaillement des unités américaines dont le front est beaucoup plus éloigné que celui des Britanniques.

 

      * Kangaroos : Véhicules blindés de transport (chars) dont on a enlevé la tourelle et ouvert la partie supérieure de la carrosserie pour permettre le transport de troupes. Ils furent employés pour la 1ère fois lors de l’opération Totalize. 

 

Le constat en quelques chiffres : des milliers de tonnes de bombes en 1 semaine, environ 2100 morts dans la population civile, quelques 10.000 maisons détruites jetant à la rue 80.000 sinistrés, entre 82 et 85% de la ville rasée et environ 11.000 soldats allemands prisonniers.

 

Il est bien entendu que la fête n’accompagna pas l’arrivée des soi-disant libérateurs en ce 12 septembre et le temps était plutôt à l’amertume, presque à la haine, et à l’inhumation de leurs morts plutôt qu’a la liesse, aux chants et à la danse. Les fleurs prévues pour l’arrivée des troupes furent utilisées pour parer les tombes.

 

Le 7 octobre, le Général De Gaulle se rendra au Havre et avec son affection pour les grandes tirades il dira « Au Havre blessé pour la France, mais vivant ! Et qui sera grand ! ». Cela consola-t-il les Havrais et Havraises, pour ma part, moi qui ait perdu mes arrière-grands-parents paternels et leur fils (mon grand-père) dans ce grand massacre, j’en doute fortement. Plus de 75 ans après ces tragiques évènements, le ressentiment s’est encore fait sentir lors des dernières commémorations de la Libération.

 

Les libérateurs remontent la Cote d’Albâtre :

 

Après la fermeture de la poche de Falaise, les Canadiens ont pour tâche première d’éliminer tous les Allemands qu’ils pourront encore trouver au sud de la Seine ; la suivante consiste à franchir ce fleuve, à isoler la presqu’île du Havre et à traverser le nord de la France pour pénétrer en Belgique. Le général Crerar ordonne au 1er Corps d’armée britannique, qui est sous son commandement, d’occuper le flanc gauche et de nettoyer le secteur côtier.

 

Les Armoured Division (Divisions blindées) du 2ème Corps Canadien poursuivent leur remontée vers le Nord de la France laissant derrière elles l’infanterie investir les villages et petites villes de la partie ouest de la Haute-Normandie. Les libérations se succèdent depuis la fin août.

 

Si, comme nous l’avons vu, Le Havre sera encerclé à partir du 5 septembre, les petits ports de la cote recevront leurs libérateurs dès le début de ce mois, en effet, les occupants ne quitteront définitivement Etretat et ses fortifications imposantes environnantes dont les nombreux blockhaus radar que le 31 août 1944 sentant venir l’avancée irrésistible de la 51st Highlanders qui libèrera la ville le 2 septembre. Toutes les villas réquisitionnées par l’ennemi lors de la période d’occupation ont été vandalisées par les barbares nazis. Le même jour la ville de Fécamp est délivrée par l’arrivée du 47th Royal Marine Commando. Les Allemands ont déjà quitté les lieux non sans faire de dégâts comme à l’accoutumée ; la gare ferroviaire, la passerelle Berigny, la cale de Halage, etc …

 

Les soldats britanniques sont reçus dans la liesse populaire et par le maire Gustave Couturier sur le parvis de l’Hôtel de Ville. L’heure sera maintenant à la reconstruction et surtout la remise en état des infrastructures portuaires bien que la population s’attèle déjà à la démolition de la quarantaine de blockhaus présents sur le secteur mais en 1946 la destruction est désormais interdite. L’imposant et important blockhaus équipé du radar « Mammut » de détection à longue distance est préservé pour l’histoire.

Le 01 septembre verra l’entrée en libérateurs des écossais de la 51st Highland Division dans la petite ville de St-Valéry-en-Caux désertée aussi par l’ennemi, avec le 5th Seaforth et le 5th Camerons Highlanders sous les ordres du Divisonnal Commander, Major General Thomas « Tom », Gordon Rennie. La revanche de juin 1940 et la liberté retrouvée pour les normands de la petite bourgade.

Un peu plus haut, la 2ème Division canadienne qui avait subit un large revers lors de l’opération de débarquement « Jubilee » le 19 août 1942, coûtant la vie à 913 soldats et laissant plusieurs prisonniers, se présente devant Dieppe. Le 31 août, de nuit, les éléments de la 245ème Infanterie Division, des derniers groupes de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine quittent Dieppe après avoir détruit à l’explosif tout ou partie du quai Henry IV, de la gare maritime, de la mairie, le pont Colbert, différents quais du port avec tronçons de voie ferrée et grues, coulant une drague et deux remorqueurs, sabotant les docks flottants malgré quelques effets de ralentissement des résistants locaux sortis de la clandestinité temporairement et se replient plus au Nord en direction de Dunkerque. En ce matin du 01 septembre 1944, prudemment des avions de reconnaissance survolent la zone à basse altitude. Afin d’éviter tout malentendu et surtout un bombardement inopportun qui n’a plus lieu d’être mais qui se préparait activement, un drapeau français est hissé sur le toit de la gare par un des cheminots en poste car les Canadiens s’attendaient à ce que la cité soit âprement défendue et avait déjà envisagé l’envoi d’un groupe de bombardiers et une escadre de navires de guerre dans le cadre d’une opération appelée « Unrestricted » (Sans limites). Les survols de la ville ne détectant aucun mouvement de troupes ennemies mais la vue du drapeau laissant craindre une ruse, le général Crerar, chef des armées canadiennes hésite sur la décision à prendre. Il suspend l’opération de bombardement. Deux éclaireurs canadiens à moto se hasardent, envoyés alors vers 9h30 sur l’avenue Gambetta, prenant des renseignements auprès des policiers qui viennent à leur rencontre pour leur annoncer que l’ennemi a quitté les lieux depuis 24 heures et que la voie est libre et que « Francis », le nom de code de la prise de Dieppe, n’est plus aux mains de l’ennemi. Les troupes stationnées en attente à Sauqueville sont alors informées et se mettent en route en arrivant par le village de Saint-Aubin-sur Scie et le 14th Canadian Hussars ouvre la marche. Malgré quelques obstacles dont un champ de mines sur le pont de Sauqueville puis des barbelés qui sont écrasés par les chenilles des chars il entre dans la ville par le quartier de la Maison-Blanche. Deux estafettes à moto ouvrent la route au-devant du détachement directement suivi par l’infanterie. Au carrefour des routes de Paris et de Saint-Aubin-sur-Scie la troupe croise un cratère d’obus mais ne reçoit aucun tir hostile et continue sa route. Malgré les nouvelles rassurantes, les soldats se méfient et descendent l’avenue Gambetta en longeant les façades des maisons mais dès l’arrivée en Centre-ville, la population qui attendait ce moment avec impatience depuis l’action manquée et l’affront subi par ces mêmes troupes dont certains vétérans font partie de ces entrants, vient accueillir ses héros. Ne se contentant pas de saluer ces militaires, c’est une véritable euphorie qui s’empare de la foule qui n’hésite pas à leur sauter au cou, à les étreindre et à les embrasser Plusieurs d’entre eux montent sur les véhicules et brandissent des drapeaux tricolores. Un policier échange même son casque avec un soldat canadien. Pris dans cette liesse générale, les soldats se prêtent volontiers aux effusions et posent même pour la photo souvenir. Le message est alors envoyé aux autorités : « Francis est en vie. Nous attendons des amis pour le souper ». L’Etat Major en prend note et donne l’annulation de bombardement.

 

Dans l’après-midi, les soldats canadiens n’oublient pas de se rendre au cimetière des Vertus situé à l’Est de la ville, à Hautot sur Mer, où reposent les victimes du raid avorté du 19 août 1942. Là aussi ils posent pour la photo pour honorer la promesse faite à l’époque de revenir en vainqueur.

 

Le maire en place jusqu’alors, René Levasseur, cède sa place au profit à Pierre Biez, président du comité provisoire local de libération.

 

Le soir même, alors que les trois escadrons du 14th Canadian Hussars prennent leurs quartiers dans les plaines de Janval, un bal populaire est organisé en ville. Les troupes, après un repos bien mérité, défilent en ville le 3 septembre au son des cornemuses dans la rue Claude Groulard. Dieppe est libre puis tous l’arrière-pays retrouve sa liberté dans une joie débordante et sans effusion de sang.

Les Canadiens reprennent leur marche en direction de la Somme et du Pas-de-Calais le 6 septembre laissant la vie des dieppois s’organiser sans l’occupant. L’ordre leur est donné de suivre un itinéraire défini comme suit : Eu, Abbeville, Montreuil, Samer, Desvres, Ardres puis de se diriger vers Dunkerque et à terme atteindre la frontière néerlandaise via Ostende suivant les instructions du 2èmeCorps aux commandants de division du 4 septembre. Donc, conformément aux instructions, la 6th Brigade quitte Dieppe, faisant une halte à Bois Jean au sud de Montreuil et à environ 5 km au nord-ouest de Tournehem atteint Louches sous une pluie battante, de nuit avec du retard sur l’horaire prévu. Elle reçu l’ordre de prendre Dunkerque de l’état-major vers 3h00 du matin alors que les Camerons Highlanders étaient chargés de faire route vers Gravelines. A l’armée, les ordres et les contre-ordres étant monnaie courante, avant la fin de soirée, ceux-ci avaient changé et les nouveaux plans redonnaient à la 6th Brigade ses objectifs initiaux de Nieuport, Furnes et la Panne tandis que Gravelines incombait désormais à la 5th Brigade. A pied, le 8 septembre, à l’aube la 6th Brigade ne rencontra pas de problèmes majeurs sur son parcours à part quelques tirs épars au sud de Bergues. Les South Saskatchewan Regiment marchèrent donc vers Nieuport, les Fusiliers Mont-Royal fit de même vers Furnes tandis que les Camerons of Canada furent transportés sur les Kangaroos, gagnant du temps sur le South Saskatchewan et permettant de prendre position à l’Ouest de Nieuport.         

Durant ce temps, la 3ème Division canadienne s’est lancée de Neufchâtel-en-Bray en longeant le cours de la Bresle pour se diriger sur Le Tréport, Eu et Mers les Bains qu’elle libère le 1er septembre après s’être confronter à l’ennemi à Incheville et Pont-et-Marais où il résiste férocement avant de se replier. Puis c’est le tour de Saint Valery-sur-Somme le 2 septembre où dans l’après-midi, depuis Le Crotoy, de l’autre côté de la baie de Somme où ils se sont retirés, les Allemands leur adresse un tir d’artillerie qui atteint mortellement 6 civils dont une majorité d’enfants puis une nouvelle victime est à déplorer lors de l’explosion d’un pont. La progression continue en direction de la baie de Somme et quelques escarmouches ont encore lieu près de Noyelles-sur-Mer. Les ordres sont d’investir les ports de Boulogne et de Calais rapidement. Plus facile à dire qu’à faire.

Quant à la 4ème division, elle marque aussi ce 01 septembre par son passage à Warlus, Sorel, Liercourt et à Eaucourt. Elle traverse la Somme à Pont-Remy, au Sud-Est d’Abbeville, épaulée par la Résistance du secteur.

 

Toujours en date du 01 septembre, dès l’aube dans le bourg d’Ault plus de trace d’Allemands, tout est calme bizarrement, les derniers ont dû déguerpir durant la nuit pour rejoindre Le Crotoy. Une folle rumeur se propage parmi les habitants : « Les Alliés sont à Eu ! ». Quelques heures passent puis deux motocyclistes poussiéreux apparaissent. Les gens rentrent chez eux croyant au retour des Allemands mais les motos et les uniformes ne sont pas les mêmes. C’est donc vrai, les Alliés sont là ! Ce sont des Canadiens ! Ils sont alors happés par la foule maintenant déchainée par l’immense joie ; submergés, étouffés les 2 canadiens. Les libérateurs ne font qu’un passage rapide juste pour annoncer la libération du village et continuer leur route.  

 

La Côte d'Opale

 

Les Libérateurs atteignent la Côte d’Opale

 

La 1ère division blindée polonaise et la 4th Armoured Division canadienne, évitant soigneusement la cote, après avoir traversé la Somme, ont reçu la mission de prendre Abbeville. La poussée n’est pas aussi simple qu’il n’y parait et les accrochages sont nombreux, notamment à Blangy puis au Translay et Saint-Maxent. Le 2 septembre, les faubourgs sud d’Abbeville sont atteints mais ils sont contraints de stopper tant les combats sont durs. Pour traverser le fleuve les « Engineers » polonais se trouvent obligés de construire des ponts. Le franchissement pouvant être effectué le 3 septembre, la ville est enfin investie vers midi. Le départ de l’ennemi est encore endeuillé par un massacre de civils à Crecy-en-Ponthieu ce même jour alors que la division ayant repris sa marche libère le village le lendemain. Ils atteindront bientôt les abords de la frontière belge …

 

La 9ème brigade blindée canadienne du régiment de la Chaudière ouvrant la route à la 2ème division est entrée dans Montreuil le 4 septembre 1944 aidée par les Résistants notamment sur les remparts où l’un d’eux, Jacky Delcourt est tué par un éclat d’obus, puis en continuant sa route vers la côte et Boulogne sur mer, laissant derrière les unités d’infanterie qui rejoignent la forêt de Tournehem (point de regroupement) au Nord-Ouest de Saint-Omer, elle envoie quelques véhicules en reconnaissance sur Beck et Le Touquet. Force est de constater que là aussi les Allemands ont déserté les lieux ainsi qu’une grande partie des habitants qui craignaient des bombardements ou des destructions volontaires de l’ennemi pouvant faire des victimes. En quittant Montreuil, les Canadiens ne pouvaient pas savoir qu’une division encore en poste à quelques kilomètres de là allait semer la mort avant d’effectuer son repli. A Offin et Hesmond, les résistants anticipent l’arrivée des Alliés et tuent un soldat allemand à la ferme du Fond de Lebiez. Les représailles ne se font pas attendre et dès le lendemain, alors que les résistants ont pris la route pour rejoindre les troupes canadiennes, la 245ème division d’infanterie allemande, avant de s’enfuir, fusille 17 otages sur 20 personnes qui étaient réunis à la ferme Surmont à Offin. Après les avoir emmenés avec elle après réquisition de leurs chevaux, elle se livre au massacre dans un champ à Hesmond. Parmi ces 17 victimes on compte des Offinois et des hommes d’Arques-la-Bataille (Seine Inférieure) qui participaient aux travaux des champs.

 

Les Anglo-canadiens et la 2ème division canadienne qui a repris sa place dans le dispositif se dirigent désormais en direction de la région de Dunkerque où le traumatisme du rejet à la mer marquait encore tous les esprits. L’heure des comptes a sonné ….

 

Si la bande côtière est allouée aux Canadiens, les Américains se sont dirigés vers l’intérieur ce qui leur permet de raccourcir leurs lignes de ravitaillement et de faciliter leur progression vers les Ardennes et les frontières allemandes. Quant aux unités britanniques autres, elles assurent leur progression entre les deux pôles offensifs et attaquent au centre de ce dispositif alors que partout autour et surtout devant, les Résistants et les Maquis, sortant de l’anonymat où ils s’étaient jusqu’alors plongés compte-tenu des répressions sanglantes exercées sur les groupes démasqués, intensifient maintenant les sabotages et les renseignements. Ils peuvent désormais, intégrés aux Forces Françaises Libres, donner main forte aux troupes alliées en tant qu’éléments de liaison, de reconnaissance mettant à disposition leur bonne connaissance du terrain.

 

Les Canadiens sont aussi les libérateurs des diverses villes situées en arrière du littoral mais relativement proches de la côte dont Wormhout, Samer, Guines, Etaples, Bourbourg, Audruiq, Marquises, etc… en mettant en œuvres tous leurs moyens disponibles.

 

Maintenant qu’ils se sont introduits dans la Somme et le Pas-de-Calais, les Canadiens s’attaquent aux bastions allemands qui avaient été construits sur les côtes faisant directement face à l’Angleterre et où Hitler redoutait le plus un débarquement allié. Les « Forteresses » de Boulogne, Calais et Dunkerque fortement défendues font craindre une très forte résistance. C’est également dans ce vaste secteur que sont implantées la majeure partie des rampes de lancement de V1 qui depuis le 13 juin les envoie sur Londres dans un bombardement terrible et cruel pour les populations civiles, faisant suite à l’épisode des raids de la Luftwaffe qui engendra la fameuse Bataille d’Angleterre, et qui constitue la deuxième grande épreuve pour la population londonienne et de la banlieue.

 

Ces envois de missiles sur la capitale britannique cessent en date du 6 septembre quand ces postes de lancement sont investis par les unités du général Spry même si quelques tirs sporadiques subsistent depuis quelques endroits situés à l’intérieur des terres qui seront rapidement neutralisés.

 

 

Priorités : Boulogne-sur-Mer et Calais :

 

Comme prévu, l’ennemi est décidé à défendre ses positions avec acharnement. Dès le 5 septembre, la 3ème division canadienne avait pour mission de chasser l’ennemi des trois pôles suivants : Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque. Le lendemain, les ordres évoluent et l’on repousse à plus tard l’objectif de Dunkerque. Apparemment on doit « masquer » cette ville portuaire c’est-à-dire l’ignorer et la contourner et la laisser isolée sans possibilité de ravitaillement. Puis on pense à faire la même chose pour Calais mais un avis de la Royal Navy change la donne ; Si l’on souhaite l’utilisation du port en eaux profondes de Boulogne, il faut absolument museler l’artillerie côtière postée dans les environs qui interdirait toute approche aussi il est prévu que la 3ème Division enlèverait donc Boulogne puis porterait ses efforts sur Calais. Pourtant, il faut envisager tout d’abord de rapatrier les équipements spéciaux d’assaut ayant été utilisés pour la prise du Havre. Il faut aussi coordonner les opérations de bombardements incombant aux avions de la Royal Air Force en vue d’un épuisement préalable de l’ennemi. Le 17 septembre les plans sont établis à la suite d’une réunion préparatoire des commandants d’aviation ayant eu lieu le 15 à Versailles. A cette date du 17, les bombardements aériens commencent par l’envoi massif de bombardiers lourds de la RAF Lancaster et Halifax.  Montgomery confie donc cet objectif à l’armée canadienne, chargée de purifier les sites fortifiés de la côte et les points de lancement d’armes spéciales qui terrorisent l’Angleterre du Sud.

 

Le 12 septembre, le Queen’s Own Rifles, le Régiment de la Chaudière, le North Shore, entre autres, s’installent en périphérie de Boulogne. En position depuis 6 jours et juste après les frappes aériennes, ces régiments se mettent en ordre d’attaque.  

 

C’est donc bien la division prévue qui s’engage sur Boulogne sur Mer avec ses 8th et 9th brigades en direction des bunkers ennemis, vétérans de la bataille de Normandie ayant connu les durs combats contre la 12ème Panzer dans les plaines de Caen et contre les assiégés de la Poche de Falaise qui coûta si cher aux Allemands. Epaulés, autant par un sérieux appui aérien de bombardiers et d’aéronefs moyens d’attaque du 2ème corps d’aviation tactique, d’observateurs aériens que par celui terrestre des chars de la 79èmedivision blindée, de 2 divisions d’artillerie dont la leur et celle de la 51st Highlanders , de la 2e division  canadienne, les forces peuvent aussi compter sur les canons à longue portée des batteries côtières anglaises des environs de Douvres qui peuvent couvrir toute cette zone avec une précision tout à fait remarquable. Il s’agit d’une pièce de 14 inches du Royal Marine Siege Régiment nommée « Winnie » et une de 15 inches nommée « Pooh » du 540th Coast Regiment Royal Artillery capables de faire taire les lourdes batteries côtières ennemies.  

Pour l’exemple, un tir direct de « Pooh » a atteint une première pièce allemande d’une batterie de Calais distante de 42.000 verges, d’après l’Etat Major canadien soit 38400 mètres environ. Malgré tout, la réaction allemande est farouche et les tirs continuent jours après jours en direction de Douvres et le Folkestone. Boulogne dont les défenses ont été renforcées par des ajouts de constructions bétonnés autour des anciens forts ne manquait pas d’artillerie dont le seul défaut majeur était de faire face à la mer. Un peu plus tard, plusieurs autres tirs atteignent des positions de batteries allemandes, les artilleurs anglais ayant réglé leur hausse sur la base du premier succès.  Une ultime réaction, cependant, avait été durant la courte période précédant l’avancée des troupes de libération, de renforcer les défenses tournées vers l’intérieur. Cet effort aura été vain car le moral de la garnison, forte de 10.000 hommes environ est tombé sous les coups de boutoir portés par les bombardements du 17 septembre, des 690 bombardiers qui pilonnent durant toute la matinée les cinq objectifs assignés. D’après les soldats témoins de ces évènements, le ciel est clair et légèrement entaché de quelques nuages inoffensifs. D’où ils sont, ils peuvent apercevoir la Manche et la ligne des falaises anglaises. Le 21 septembre, les casemates bétonnées positionnées autour de la Colonne de la Grande Armée sont investies par les hommes du Régiment de la Chaudière et du Queen’s Own Rifles. Leur second objectif est le Fort de la Crèche (Stutzpünkt 221 Arnika), au Sud de Wimereux sur la Pointe de la Crèche, qu’ils approchent par Terlincthun.

 

 

Les lieux sont tenus par 430 hommes de la Kriegsmarine des 2ème et 3ème détachement du 240èmegroupe d’artillerie de marine et possède 4 canons de 194mm camouflés, endommagés en mai 1940 et remis en état de fonctionnement et 4 canons de Flak de 7,5 cm à l’arrière du fort. Celui-ci porte le nom de « Mar ine Küsten Batterie Crèche 1 » et comporte derrière chaque pièce un abri type FK* 648 pouvant contenir 45 ouvriers. Le site de la batterie est protégé par un pôle de Flak composé d’une pièce de 4 cm, quelques pièces de 3,7 cm et 2 cm. Le tout est complété par 6 casemates aux extrémités du site soit 3 casemates R 630 et un R 105b avec chacun 2 mitrailleuses MG 34 ou MG 42, un R 634 pour mitrailleuse également avec une cloche blindée sur le toit et un R 626 abritant un canon antichar Pak 38 de 5 cm. Enfin, les alliés qui avaient photographié préalablement les lieux à l’aide de leurs observateurs aériens trouvent un complément de défenses qu’ils ne connaissaient pas jusqu’alors ; 3 encuvements détruits ont été remplacés par 3 nouvelles casemates de type SK/KM englobant les anciennes soutes à munitions abritant chacune 1 canon de 105mm SK/C 32. Le site de la Crèche II possède aussi une batterie. Celle-ci est composée de 4 pièces de 94mm Vickers M 39 abandonnés par les Anglais lors du réembarquement de 1940. Elle est aménagée par l’occupant qui construit des encuvements en béton, des abris FK ; 1 FK 647 et 1 FK 628 avec une pièce de Flak sur le toit., quelques abris légers et quelques tobrouk, tout cela étant protégé par 2 pièces de Flak de 4cm et 2cm et relié par des tranchées. Comme pour la batterie 1, 4 casemates R 671 sont présentes. Mais ce n’est pas tout, le poste de direction de tir français est aussi réutilisé sur un nouveau site de batterie, la batterie Crèche III qui est dédiée à la défense du port de Boulogne. Elle comporte notamment 3 ouvrages dont 1 R 634 derrière le FK 628 qui abrite le projecteur et son personnel servant, 1 R 669 avec canon de 7,62 cm FK295 et 1 R 611 pour une pièce de 15cm S FH 414 mais est juste doté d’un tobrouk devant son entrée, un poste photo-électrique abritant le groupe électrogène.  Avec une telle défense, le succès est encore bien incertain et les assaillants demandent l’appui de l’aviation. Soudain, deux mosquitos sortis de nulle part entament une piquée et larguent leurs fusées éclairantes pour marquer l’objectif (*) et leurs roquettes afin de ne pas être venus en simple visiteurs et quelques minutes plus tard, la horde de bombardiers arrive au-dessus des bunkers, à très haute altitude, hors d’atteinte de la Flak. Les bombes commencent à s’abattre sur leur cible dans un fracas étourdissant, soulevant des nuages de poussière et laissant pressentir qu’aucune vie ne sera épargnée sous le déluge de feu. Pourtant, d’après les dires du lieutenant-général Heim, commandant la place, le nombre de victimes est relativement modeste et les dégâts peu importants. Les blockhaus ont bien résisté. Sitôt les avions disparus, les troupes s’élancent pour l’assaut final sur le Mont Lambert, premier objectif, mais ils sont accueillis par un feu nourri d’artillerie et d’armes automatiques qui ralentissent considérablement l’élan. Le 18 septembre, ayant réussi à traverser la liane, cours d’eau séparant Boulogne sur Mer en deux parties, les 2 régiments retournent un canon anti-aérien, dont ils viennent de s’emparer, contre les casemates du fort qui résistent encore jusqu’au lendemain. Le 22 septembre, le Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders réussit par un coup du sort invraisemblable à investir la citadelle. En effet, un habitant se présente devant le major J.G. Stothart, commandant de compagnie qui prépare et peaufine son attaque et s’attendant à un nombre de pertes très élevées au vu de la tâche à accomplir. Assurant qu’il connait un tunnel «secret» qui peut le conduire au cœur de la citadelle, il est d’abord considéré avec circonspection. Après un long moment de questionnement et la confiance enfin établie, Stothart décide de suivre cet homme et s’engage dans le passage avec un peloton. Les renseignements s’avèrent exacts et le groupe débouche au beau milieu du fort surprenant les défenseurs qui ne réagissent pas. A ce moment, la porte vole en éclats, enfoncée par 2 véhicules blindés des «Engineers». L’ennemi qui ne s’attendait pas à se trouver dans une telle situation lève les bras en signe de reddition aussitôt suivi par la levée de nombreux drapeaux blancs. Pourtant tout n’est pas encore dit et plusieurs points fortifiés continuent le combat surtout au nord et au sud de la ville. Six jours ont été nécessaires pour obtenir enfin une reddition totale et enfin la libération du port le 22 septembre lorsque la garnison de la Kriegsmarine qui se rend en hissant le drapeau blanc, mais celui-ci a subi de nombreux dommages et demandera une sérieuse remise en état qui n’interviendra que le 12 octobre, date à laquelle il pourra à nouveau être utilisable. Les Canadiens dénombrent 634 pertes à la fin de ces affrontements mais ils ont fait 9.500 prisonniers. Le Mont Lambert, la batterie Friedrich-August, le port et la citadelle sont tombés. Boulogne est libre, il faut désormais penser à Calais.

  • * FK signifie Festungbau-stab der Kanalküste soit Personnel de construction de forteresse de la côte du canal Manche.

Il est décidé, à la suite du succès remporté à Boulogne sur Mer (Opération Wellhit), de réitérer le plan qui prendra le nom de code « Undergo » est prévu pour le 25 septembre. Il faut tout d’bord isoler la ville et s’occuper des batteries avoisinantes de Sangatte et du Cap Gris-Nez. L’opération de nettoyage s’avérait assez difficile car les allemands disposaient de 42 canons lourds autour du secteur de Calais dont 5 pièces à longue portée ; parmi les plus imposants, la Batterie Lindemann à Sangatte composée de quatre canons de 406mm, la Batterie Todt comptant quatre canons de 380mm, la « Grosser Kurfurst avec quatre canons de 280mm, la Batterie du Cap gris-Nez et ses trois canons de 170mm, enfin, la Batterie Wissant avec des canons de 150mm.

 

Prévisions d’attaque : tout d’abord la 8th Brigade devait se rapprocher de la ville de Calais par l’ouest contre le site d’Escalles situé près des Terres mottes et du Cap Blanc-Nez tandis que la 7th devait se saisir des garnisons de Belle Vue, Coquelles puis Calais même par le sud-ouest. Afin d’empêcher toute tentative de fuite, l’est serait contrôlé par le régiment des Cameron Highlanders of Ottawa et la 9th brigade remplacerait le 7th régiment de reconnaissance devant les batteries du Cap Gris-Nez afin de les réduire.  

 

Hitler avait déclaré Boulogne, Calais et Dunkerque forteresses (festung) et étaient censées être quasi-imprenables. Boulogne était tombée en 6 jours, Calais allait-elle résister plus longtemps ?

 

Le 1er septembre 1944, comme indiqué précédemment, la ville de Calais est déclarée « forteresse » par Hitler, au même titre que Boulogne et Dunkerque et l’état de siège est décrété le 7 septembre. Le secteur était fortement armé pour parer au débarquement sur ces côtes les plus proches de l’Angleterre et dont Hitler était farouchement convaincu. Les batteries offensives du Pas-de-Calais, étaient en fait devenues défensives après le débarquement de Normandie, mais continuaient un pilonnage intensif de Douvres et de Folkestone au Royaume-Uni. Tenues par la Kriegsmarine sous le commandement du capitaine de corvette (Korvettenkapitän) Kurt Schilling qui dirigeait le 242ème bataillon d’artillerie côtière (242nd Naval Coastal Artillery Battalion ) ou (Küstenartillerie-Bataillon) elles comptaient donc la batterie Lindemann MKB avec 3 pièces de 406 mm, la batterie Grosser Kurfust avec 4 pièces de 280 mm, le Petit Blanc-Nez, La tour de Wissant et sa batterie, la batterie de Gris-Nez avec 3 pièces de 170 mm et la batterie Todt.  

 

Positions du Toronto Scottish Regiment à l'Est de Calais

 

Le Toronto Scottish Regiment est engagé.

 

 Le 7th Recce Regiement (17th Duke of York’s Royal Canadian Hussars) avait encerclé le secteur de Calais dès le 5 septembre et le 10 septembre, le Toronto Scottish Regiment, détaché de la 2nd Division pour l’occasion, les rejoint pour une plus parfaite surveillance de la ville. Il faut savoir que si la 3th Division canadienne devait chasser l’ennemi des 3 villes de la côte d’Opale que sont Boulogne, Calais et Dunkerque, le 6 septembre au matin, les ordres étaient modifiés et la mission était amaigrie elle «devait détruire l’ennemi du secteur de Boulogne et Calais». Le 7 septembre Dunkerque et son secteur était confié à la 2ème Division canadienne. Le Régina Rifles Regiment investissait la petite ville côtière de Wissant et s’emparait de sa batterie d’artillerie de 4 canons de 150 mm. La ville de Calais et les batteries du cap Gris-Nez se trouvaient désormais isolées des premières défenses Sud. La 7eme brigade canadienne intervient alors pour intenter le nettoyage des batteries à l’ouest de Calais. Galvanisé, le Major-général Daniel Charles Spry (commandant la 3ème division canadienne) décide alors d’attaquer dans la nuit du 16 au 17 septembre, le cap Gris-Nez avec 2 bataillons. L’escadron «A» du Royal Winnipeg Rifles (1st Hussars) et l’escadron «B» du Regina Rifles, remis à contribution, se lancent à l’assaut de la puissante batterie protégée de toute part, mais la tentative échoue lamentablement. Les pertes du jour au 1st Hussars : 3 soldats tués et 1 blessé plus 6 chats perdus dont 4 dans les fossés anti-char et 2 dus aux mines.  Les troupes se retirent remettant l’opération à plus tard.   

 

Le lendemain de l’attaque avortée du cap Gris-Nez, l’unité d’appui et de soutien des régiments d’infanterie (MMG = Medium Machine Gun : mitrailleuses lourdes, mortiers, canons antiaériens, armes antichars piat, etc) le Toronto Scottish Regiment, qui avait pris des positions sur la côte au nord de Calais et bénéficiait d’un temps de répit bienvenu, allant du Fort Batard, Sud-Est de calais, jusqu’à la côte près d’Oye-Gravelines, Nord-Est de Calais, s’inquiéta d’un manège étrange récurent. Cependant le quartier général de la compagnie «B» était, de temps à autres, visée par les canons ennemis postés à l’intérieur des terres mais non éloignés du littoral, à l’arrière de la ville de Marck. Malgré une certaine nonchalance régnante due à l’éloignement, tout relatif, des principaux lieux d’assaut des points bétonnés et surtout de la bataille pour la prise de Boulogne sur mer tirant à sa fin, elle restait le témoin d’un va et vient journalier de fortes patrouilles allemandes se dirigeant vers «Markenface Farm», une ferme située entre Marck et leur position. Ces aller-retours étranges suscitaient la curiosité des membres du commandement et il fut donc décidé un peloton armé pour s’informer et intervenir si nécessaire. On envoya, en premier lieu, des patrouilles de reconnaissance durant les premières nuits qui revinrent bredouille de renseignements exploitables. Le lieutenant Bob Lecky, commandant le peloton N° 6 décide alors au matin du 18 septembre d’investir l’objectif et trouvant la ferme vide, une investigation des bâtiments s’imposant, le lieutenant Lecky prend l’initiative de fouiller un grand bunker bétonné. Malheureusement il est tué instantanément dans l’explosion d’un piège posé dans l’encadrement de l’entrée. A Marck, l’explosion à été entendue et aussitôt l’alerte est donnée parmi les artilleurs réveillés par le bruit. Après plusieurs tirs d’artillerie sur le secteur, l’envoi d’un fort peloton allemand lourdement armé arrive et engage le combat. Commence également un échange de feu entre les canons allemands et les 2 canons canadiens qui avaient été affectés comme soutien supplémentaire. 

 

Marck - l'église St-Martin détruite par les allemands avant leur retraite

Afin d’épauler son groupe d’assaut, le Major Ellis, commandant de la  «B» Company, se précipite sur les lieux et la bataille devient totalement débridée, chacun ferraillant avec l’adversaire le plus proche dans un corps à corps indescriptible. Un soutien est bientôt demandé afin de retrouver un groupe efficace et l’arrivée des mitrailleuses «Vickers» rétabli la situation en faveur des canadiens. Après les sons d’urgence administrés aux blessés des deux camps et obtenu les informations recherchées, le Major Ellis donna l’ordre de rejoindre les positions initiales. On jugea alors qu’une défense aussi agressive de la part des Teutons était difficile à comprendre sauf si l’ennemi, s’attendant à un assaut de grande ampleur, voulait conserver une disponibilité de tous ses hommes pour une défense efficace de Calais en gardant une certaine distance de sécurité hors de portée de l’artillerie canadienne mais alors pourquoi cette opération si gourmande en vie humaine pour une simple escarmouche ?

 

Attaques et prise des défenses des alentours de Calais Sud

 

La Batterie Todt, présentation :

 

https://www.fortlitroz.ch/la-batterie-todt-photos-de-1940-a-1944-atlantikwall-pas-de-calais-france/

 

Constituée de 4 batteries elle devait porter le nom de batterie Siegfried mais le décès, la veille de l’inauguration dans un crash aérien, de l’ingénieur Todt qui fut le réalisateur du Mur de l’Atlantique, changea la donne. Elle figure au Cap Gris-nez et elle est située dans le bois d’Haringzelle qui fut à l’origine planté en ce lieu pour servir de camouflage naturel au sud du cap Gris-Nez, à une altitude de 60 à 70 mètres face aux côtes anglaises que ses canons transmanche d’une portée avoisinant les 42 kilomètres pouvaient atteindre facilement. Elle était commandée par l’enseigne de vaisseau (Schiffsfähnrich) Klaus Momber et comportait 4 pièces de 380 mm avec un personnel servant de 4 officiers et 18 hommes par pièce et entourée pour sa défense anti-aérienne par 9 pièces de Flak encuvées avec projecteurs et soutenue par 2 postes directeurs : Cran Mademoiselle et la batterie de protection du Cran Poulet avec un effectif de 600 hommes environ. L’ensemble du dispositif était protégé par plusieurs réseaux de fil de fer barbelés et électrifiés, des mines anti-personnelles et anti-char et autres tranchées diverses.

 

 

La 7th Brigade canadienne a été remplacée par le 7th régiment de reconnaissance après la tentative de la prise du Cap Gris-Nez du 16 au 17 septembre qui avait échouée avant l’arrivée d’une force plus importante disponible. L’attaque débute en date du 25 septembre et se base sur le plan utilisé précédemment à Boulogne. La 8th Brigade est utilisée entre Sangatte et le cap Blanc-Nez Le déploiement de la 9th Canadian Brigade sur ces lieux pour la prise des 3 batteries lourdes, avec le soutien des blindés du 1st Hussars et des chars Churchill Crocodiles anti-mines et AVRE (Armored Vehicle Royal Engineers) de la 79th Armored Division, comprenait sur la gauche les North Nova Scotia Highlanders pour affronter la batterie Todt tandis que le Highland Light Infantry of Canada se confronterait au 2 batteries nord, le Gris-Nez à 1,25 km au sud-est du Cap du même nom et la Grosser Kürfur sise à Floringzelle.

 

 

Le 26 septembre, un premier bombardement aérien de 532 avions bombardiers lourds du RAF Bomber Command n’entame pas vraiment le béton des casemates mais dévaste le terrain alentour. La Flak réplique alors et les aviateurs déplorent des pertes dont l'équipage du bombardier Avro Lancaster type B I/B III, s/n PB129 LQ A, squadron 405, tombé dans le pré communal d'Ambleteuse le 26 septembre 1944, abattu par la Flak lors de l’attaque des points fortifiés du Cap Gris-Nez. Décollage de Gransden Lodge, Bedfordshire, UK.

W/Co Charles William PALMER Pilote RCAF décédé – Matricule J.15818, âgé de 30 ans - né à Dundalk, Ontario, Canada - inhumé au cimetière militaire canadien de Calais Leubringhen, emplacement TJ C 9.


F/Lt Wilfred GODDARD Navigateur, RAF Volunteer reserve, décédé – Matricule 145387, âgé de 35 ans, - Inhumé au cimetière militaire canadien de Calais, Leubringhen, emplacement TJ C 9.


F/O Wilfred George F. PEACOCK Bombardier RCAF décédé – matricule J.18009, âgé de 22 ans, fils de George & Margaret Peacock de Everett, Ontario, Canada - - inhumé au cimetière militaire canadien de Calais Leubringhen, emplacement TJ C 9.


F/Lt Albert James WILCOCK Bombardier RCAF – Récupéré – Matricule J.85391, né en 1921 à St Vital, Manitoba, Canada – Tombé en territoire allié.


Sgt Hugh John ANDERSON Mécanicien RCAF – Récupéré – Matricule R.64131, Né en 1912 à Hamilton, Ontario, Canada – Blessé, tombé en territoire allié.


F/O Charles Edwin LAISHLEY Radio/Mécanicien RAF Volunteer reserve, décédé – Matricule 58131, âgé de 31 ans, fils de Edward Frank & Ethel Milly Laishley de Winchester, UK - - inhumé au cimetière militaire canadien de Calais Leubringhen, emplacement TJ C 9.


F/O Frederick John Alec FREY Mitrailleur RCAF décédé – Matricule J.85493, âgé de 30 ans - - inhumé au cimetière militaire canadien de Calais Leubringhen, emplacement TJ C 9.


 P/O Irvin Leroy LAUCKNER Mitrailleur RCAF, récupéré – Matricule J.16969 – DFC – né à London, Ontario, Canada – Tombé en territoire allié.

 

Et du Avro Lancaster, type B I/B III – s/n LM587 JO L, squadron 463, RAAF 5 Grp, abattu par la Flak de Wissant, il explose sur les falaises du Cap Gris-Nez. Décollage vers 15h00 de Waddington, Lincolnshire, UK. Pour l’occasion 2 cinéastes avaient embarqué pour filmer le bombardement.

 

F/Lt Anthony Bowen Loftus TOTTENHAM Pilote RAAF décédé – Matricule 418209, âgé de 21 ans – Fils de Harold William Loftus & Veronica Mary Elizabeth Bowen Tottenham de Mullingar, WestMeath, Irish Republic – Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

F/Sgt Reginald James PATRICK Mécanicien RAF Volunteer reserve décédé - Matricule 1583253, âgé de 21 ans – Fils de Mr & Mrs J.E Patrick de Wellingborough, Northamptonshire - Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

F/Sgt Ronald Charles BROOKMAN navigateur RAAF décédé – Matricule 410144, âgé de 26 ans – Fils de Charles William & Bertha Minnie Brookman de Canterbury, Victoria, Australie - Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

F/O Maurice Alvey OAKLEY Navigateur RAF Volunteer reserve décédé – Matricule 158228, âgé de 32 ans – Fils de Olly & Winifred Margaret Oakley de East Sheen, Surrey. Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

W/O Beresford George Douglas DILLON Bombardier RAAF décédé – matricule 428253, âgé de 20 ans – Fils de George Lionel & Violet Bertha Dillon de Brisbane, Queensland, Australie - Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

P/O Sidney Wallace SMITH Radio/mécanicien RAAF décédé – Matricule 410819, âgé de 30 ans – Fils de Fils de Sidney Wallace (Sr) & Jessie Smith, époux de Ann Wallace Smith de Malvern, Victoria, Australie - Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

P/O Robert Joseph ACRES Mitrailleur RAAF décédé – Matricule 427787, âgé de 23 ans – Fils de Francis Joseph & Nellie Sylvia Acres de Leederville, Western Australia - Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

F/O Norman Jack BOWMAN Mitrailleur EAAF décédé – Matricule 418913, âgé de 27 ans – Fils de Thomas William & Cecilia Bowman, époux de Hazel Bowman de Essendon, Victoria, Australie - Inhumé au Cimetière communal de Wissant, emplacement TJ 3.

 

F/O John Edward MORRIS Mitrailleur RAF Volunteer reserve décédé – Matricule 171018, âgé de 34 ans – Fils de Walter John & Eleanor Jane Morris, époux de Sonia Morris, de Upper Norwood, Surrey.

 

 Un second bombardement interviendra le 28 septembre effectué par 302 bombardiers qui auront largué en 2 fois 855 tonnes de bombes sur l’objectif qui bien que probablement affaibli n’a été que légèrement «écorné» mais les défenseurs ont surement été touchés au moral. La formation de très nombreux cratères empêche une utilisation maximale des chars.

 

L’assaut de l’infanterie a dû être retardé à la suite des bombardements aériens et d’artilleries navals et terrestres de préparation alors qu’il avait été prévu à 10h15 le 25 septembre. Près de Sangatte, la 8th Brigade avec le North Shore Regiment devait s’emparer des Noires Mottes à l’ouest de Calais qui tirent en direction de la côte anglaise et prendre la batterie Lindemann. La 7th Brigade doit se diriger sur la ville principale ; Calais qu’elle doit approcher par le sud et progresse lentement mais avec une certaine constance qui la mène à la côte à l’ouest de la cité.

 

L’attaque des North Shores a été appuyé par la 79th Armored Division et ses chars Churchill à fléaux et des tirs de la part du 10th Armored Regiment traversant les champs de mines et par des Crocodiles visant à réduire les points fortifiés mais l’avance a été retardée par l’engagement furieux des défenseurs et surtout par la topographie du terrain singulièrement dévasté par les bombardements et qui a largement gêné la progression des blindés avant le déclin du jour. Après d’intenses négociations et pourparlers avec l’aide de prisonniers allemands «traducteurs» pour l’occasion, la garnison se rend dès l’arrivée de l’aube du 26 septembre. La reddition fait alors 300 prisonniers supplémentaires et donne aux canadiens une position défensive fort appréciable. La batterie de Sangatte qui avait été largement piégée hisse également le drapeau blanc. La position géographique de cette prise est un réel succès car elle domine le front d’attaque de la 7th Brigade et facilite grandement la gestion des attaques de la crête de Belle Vue et de Coquelles à l’est de Sangatte.

 

L’attaque de ces positions incombait au Regina Rifles, au Royal Montréal Regiment et au 1st Canadian Scottish Regiment qui devaient traverser les fortifications pour rejoindre le front de mer.

 

L’affaire est loin d’être jouée et les Regina Rifles accusent de nombreuses pertes malgré un barrage d’artillerie de roulement censé facilité la progression et un intense écran de fumée sur une ligne de 3 km sur le secteur de Wissant empêche la batterie du Cap Gris-Nez d’interférer. Le Canadian Scottish et les Crocodiles lance-flammes arrivent à la rescousse et soumettent les défenseurs. La 8th Brigade atteint Sangatte le 26 au matin avant de relevé les Camerons Highlanders côté est. La capture du cap Blanc-Nez s’est avérée étonnamment facile car dès l’assaut donné par le Régiment de la Chaudière qui atteint rapidement les premières défenses, la capture s’effectue deux heures plus tard car, semble -t-il, la garnison était ivre morte dans sa grande majorité. Il est à noté que les arrières des bunkers étaient en grande partie inondés.

 

La 7th Brigade devait désormais concentrer ses efforts sur un avancée à travers Coquelles et la traversée des zones inondées du sud-ouest pour rejoindre le Fort Nieulay. Les Regina Rifles avaient désormais pour mission de rejoindre Calais pour une attaque frontale en règle. Ils devaient pour cela suivre les rails d’une voie ferrée rejoignant la zone industrielle de la ville mais le gain de terrain est relativement faible car l’opposition est forte et chaque point de défense doit être gagné car durement défendu. Une attaque de nuit est envisagée pour se rendre maître de Fort Nieulay et Fort Lapin. 

 

 

Mais, le 27 septembre le retrait des troupes est demandé pour permettre un raid des bombardiers lourds sur les défenses allemandes résistantes à la suite de quoi les chars entrent une nouvelle fois en action au moyen des lance-flammes et des AVRE. Fort Lapin tombe enfin sous les assauts du Canadian Scottish avant que les Winnipeg Rifles avec un second appui des blindés ne s’emparent du Fort Nieulay. Le Regina Rifle Regiment, quant à lui, parvient à traverser les zones inondées avec les moyens du bord, à la nage, au moyen d’embarcations de toile, acrobatiquement avec des câbles (journal de marche de l’unité) ou tout simplement à gué quand cela est possible et rejoignent le quartier industriel et se faufilent entre les usines. Calais est désormais sous la pression immédiate canadienne …

 

Attaque et destruction de la batterie Todt.

 

Depuis le 1er septembre, la batterie Todt avait engagé des duels d’artillerie avec ses homologues anglaises, Winnie et Pooh, dotées de canons lourds britanniques à Douvres et dont les tirs précis qui mirent hors service la batterie Grosser Kurfurst qui avait tiré vers l’intérieur des terres, endommageant fortement l’artillerie canadienne installée à l’intérieur de Wissant et causant plusieurs pertes parmi la troupe d’artilleurs présents, malgré l’écran de fumée soi-disant protecteur.   

 

Afin de se prémunir en vue d’un assaut de grande ampleur ; les artilleurs de la batterie, suivant une logique établie par la routine, continuent jour après jours leurs tirs en direction de l’Angleterre afin d’épuiser leur stock de munitions, mais intensifient donc leur cadence dès le 10 septembre avec une nette intensité des tirs. En effet, le 5 déjà, les environs de Douvres étaient pilonnés par une centaine d’obus de gros calibre et par 150 obus le 10 tandis que le 11 c’est au tour de Folkestone de recevoir un véritable déluge de projectiles. Point trop n'en faut et parfois il faut en subir les conséquences lorsque le 13, une des pièces de 380mm voit son tube, chauffé à blanc, se fendre de la gueule à la culasse à la suite de l’explosion d’un obus de trop à l’intérieur de son tube rendant celui-ci totalement inutilisable.

 

Les batteries anglaises ne sont pas en reste et dès le 17 septembre l’artillerie de campagne, bien que disposant d’une portée inférieure, entre en jeu et concentre ses tirs sur le cap Gris-Nez et Sangatte, s’attaquant directement aux casemates de Todt et de Lindemann. L’ensemble des batteries côtières à longue portée pilonnent intensément la batterie Todt entre le 17 et le 19 septembre.

 

C’est au tour de la Royal Navy d’adresser le 18 septembre aux batteries Todt et Grosser Kurfürst, aux moyens de ses croiseurs et cuirassés, épaulés par un intense et massif bombardement aérien, un déluge d’obus de ses puissants canons de marine mais un tir précis et destructeur des canons de 406 mm de la batterie Lindemann venue à la rescousse et qui enregistrent des coups au but les contraignent à prendre le large pour se mettre hors de portée.

 

Le 20 septembre, après plusieurs attaques aériennes alliées depuis le printemps, laissant l’illusion aux dirigeants allemands d’un débarquement en préparation sur le secteur, 600 bombardiers américains arrosent le Cap Gris-Nez avec 6.000 bombes de 250 & 500 kg mettant hors d’état de nuire le canon de la tourelle de tir N°1. Hors ouvrages épaissement bétonnés et restés quasiment intacts, les bâtiments non suffisamment protégés sont pulvérisés et le terrain adjacent est complétement retourné laissant un paysage martien ou lunaire, au choix. Cela a pourtant eu un effet non négligeable car les câble de transmission sont détruits et les communications coupées entre les différents postes. Les batteries se retrouvent coupées du monde et doivent désormais assurer seules leur défense.

 

La batterie Lindemann paye le prix.

 

Batterie Lindemann (nom du commandant du Cuirassé Bismarck), 3 casemates (Turm Casar).

 

Cela à des conséquences fâcheuses car souhaitant épargner des vies humaines et des confrontations jugées désormais inutiles, le commandant du North Nova Scotia Highlanders Regiment souhaite contacter le commandant de la batterie pour exiger la reddition de la garnison. Ignorant que tout le réseau de communication est hors d’usage, la mise en relation s’avère totalement impossible et les Allemands ne sont donc pas tenu au courant que le North Shore Regiment sont prêt à lancer leur assaut sur la crête des Noires Mottes pour s’emparer par l’arrière de la batterie Lindemann et c’est à l’aide de la 79th Armored Division et ses chars spéciaux qu’ils s’élancent et investissent la crête avant d’être accueilli par un feu nourri des postes de mitrailleuses ennemis qui les oblige à se terrer sur cette position devenue temporairement inconfortable. Avant de tomber définitivement aux mains des Canadiens, la batterie ouvre encore le feu en direction de l’Angleterre avec la seule pièce d’artillerie de la tourelle C encore en état de fonctionnement comme pour signaler qu’elle est toujours capable da faire des dégâts outre-Manche. Mais ce sera sa dernière action car elle est réduite définitivement amenée au silence en soirée le 26 septembre. Tout est fini pour elle quand les troupes canadiennes investissent l’ensemble du Cap Blanc-Nez et reçoit la reddition totale de la garnison. Il reste à présent à détruire Todt et Grosser Kurfürst au Cap Gris-Nez.

 

Les Alliés vont s’y employer avec tout d’abord des nouveaux raids aériens les 2 fameux bombardements précités des 26 et 28 septembre. Douvres et Folkestone essuient toutefois un harcèlement qui déclenche de grands incendies. Il devient urgent de les faire taire une fois pour toute.

 

Ce 28 septembre, la 7th Brigade avance mais 2 compagnies sont immobilisées après avoir traversé le canal à l’ouest de Calais. Pour leur faire face à Calais et au point d'appui voisin du Cap Gris-Nez, quelque 9 000 membres de la Wehrmacht dirigés par le lieutenant-colonel Ludwig Schroeder. Ce 29 septembre à 6h35, l’ordre est donné à l’infanterie d’attaquer derrière un barrage d’artillerie rampant. Après 10 minutes d’attente, l’infanterie n’a pas rencontrer de réelle résistance, les défenseurs étant resté à couvert, et c’est alors que Schoeder fait savoir qu’il désire entamer des négociations et charge ses émissaires que le général Spry rencontre près de Guines de déclarer Calais «ville ouverte». Cette demande est alors purement et simplement rejetée. Une cessation temporaire des combats pour 48 heures est alors demandée mais Spry leur accorde un délai de trêve de 24 heures, jugée suffisante, pour permettre aux civils de quitter la ville. La trêve commence le 29 septembre à midi et l’Agent de liaison des forces alliées, le Commandant Mengin incite les habitants à quitter la ville le jour même et 20.000 civils peuvent alors sortir en toute sécurité. Elle prend fin le lendemain à midi également suivant l’accord conclu.

 

Les Canadiens font fi des tentatives de se rendre de la part des assiégés.  Citons la déclaration de Crerar «Les Huns », s’ils souhaitaient démissionner (se rendre), pouvaient sortir les mains levées, sans armes, et brandissant des drapeaux blancs de la manière normale) (sic !). Le moral des Allemands qui était au plus bas remonte un peu en percevant pour eux la fin des hostilités avec en prime la vie sauve. Donc, le 30 à midi, à l’expiration de la trêve la résistance commence à se tarir face à l’avancée du Cameron Highlanders of Ottawa et du Queen’s Own Rifles arrivant de l’est et de la 7th Brigade par l’ouest dans une tenaille d’étranglement qui ne rencontrèrent aucune opposition notable compte-tenu que Ludwig Schroeder avait ordonné à sa garnison de cesser tout combat et de se rendre. La veille, le 29, la 9th Brigade avec le North Noa Scotia s’était emparée sans difficulté des batteries du promontoire du Cap Gris-Nez au sud-ouest de Calais. Au début de l’affrontement toutefois, les AVRE usaient de leur «pétards» contre les parois en béton qui restaient à peine entamés mais c’est le bruit assourdissant et les grenades à main envoyées dans les conduits d’aération et les embrasures qui eurent raison du psychisme des défenseurs et les incita à rendre les armes en milieu de matinée. Les Canadiens faisaient quelque 1.600 prisonniers. Le 30 septembre les Canadiens sont aux portes de la ville avec à leur tête le commandant Mengin. Ce dernier est mortellement blessé par un tir de riposte de blindé allemand. Wissant est pris et libéré après l’assaut de ses bunkers de bordure de plage. Au soir la 7ème brigade d’infanterie canadienne atteint le centre-ville et vers 19h le Lieutenant-colonel Schroeder se rend. Calais est enfin libéré. Si la batterie Grosser Kurfürst avait été capturée à 10h30 par les hommes du Highland Light Infantry, le Gris-Nez fut pris dans le courant de l’après-midi. De son côté, le Commandant du régiment des Cameron Highlanders, le Lieutenant-colonel Klaehn, bravant un tir d’artillerie, entre au sein de la ville de Calais pour recevoir la reddition officielle de Ludwig Schroeder qui est aussitôt mis aux arrêts et envoyé en captivité.

 

 

Le 28 septembre, sur un autre théâtre d’opération, à 10 heures, une formation de bombardiers quadrimoteurs de la RAF arrive sur le secteur de Marck et largue, sans raison apparente sinon que la ferme municipale du Beau-Marais était occupée par un assez maigre groupe d’ennemis, des bombes sur la rue aux sables*. Les impacts s’échelonnent de la ferme Prince (aujourd’hui ferme des Aigrettes) jusqu’au bois Foissey. On déplora la destruction des maisons et des abris où s’étaient réfugiés rapidement les civils. Après l’entrée dans la ville, à la fin des bombardements des Queen’s Own Rifles qui avaient tiré des fusées rouges conventionnelles pour interrompre le bombardement, on déplora 29 morts dont plusieurs familles entières. Les Canadiens étaient accompagnés par des résistants de l’OCM (Organisation civile et Militaire) du secteur de Saint-Omer-Arques. L’accueil ne fut pas des plus chaleureux.

 

Détaillons maintenant l’assaut final contre la batterie Todt :

 

Le North Nova Scotia a continué sur sa lancée et le North Scotland Highlanders Regiment (Canada) qui avait reçu l’ordre de s’emparer des casemates de la batterie à Haringzelle et du poste de commandement réussi à faire capituler le quartier général allemand à Cran-aux-Œufs avec sa compagnie C. La compagnie D est chargée de réduire la casemate 1 au nord, la compagnie B devant se charger des 3 autres positions. L’opération débute alors par l’assaut sur la casemate 1 avec l’appui d’un peloton de chars-pétards armés de mortiers de démolition, de deux pelotons de cars lance-flammes précédés d’un escadron de chars démineurs avec fléaux. Les chars lance-flammes entrent en actions devant les casemates dont les occupants ne réagissent pas jusqu’au moment où des grenades commencent à tomber par les conduits d’aération semant une certaine panique parmi les 175 artilleurs qui ne tardent pas à se rendre. Au petit matin, à peine le jour levé, la compagnie B déclenche son assaut sur les 3 autres casemates en sortant des petits bois des Louvières et de Combles où les troupes avaient passé la nuit avant de se diriger directement sur leurs objectifs suivant les chars démineurs qui ouvrent la route pour assurer la sécurité des fantassins. La casemate n° 3 est prise à partie, à bout touchant, par un char AVRE avec son mortier de 290 mm alors que les casemates 2 et 4 sont attaquées suivant la méthode efficace déjà employée ; un soldat juché sur le toit laisse tomber des grenades dans les conduits d’aération ou les divers interstices se présentant. Un fait assez insolite provoque la reddition du personnel d’une des casemates lorsque le filet de camouflage s’embrasse et disparait en fumée en quelques instants. L’officier le plus ancien de la compagnie D est requis par un Allemand accompagné d’un soldat allié pour recevoir la capitulation des trois bunkers. La compagnie C devant s’occuper du Q.G du Cran-aux-Œufs se déploie en ordre d’attaque peu avant midi de manière à apercevoir le poste de commandement et le radar. Pour le rejoindre, il faut traverser une large zone à découvert et une fois de plus l’infanterie se range derrière les chars démineurs pour y accéder. La zone est minée et le premier char y laisse ses chenilles. Stoppant net leur avance, les chefs de char décident d’apporter leur appui depuis ces positions, laissant le soin aux fantassins de progresser seuls jusqu’aux tranchées désertes. Après quelques rafales d’armes automatiques, les Allemands sortent de leurs abris et le PC capitule. Auparavant, une forte explosion retentit qui met le canadiens sur leurs gardes mais les derniers ennemis à sortir assurent qu’il s’agit en fait d’un sabordage des instruments de contrôle de tir des pièces d’artillerie. La batterie désormais hors d’usage n’est plus que le fantôme de la formidable construction offensive qui terrorisa le matin encore de sa capture les gens outre-Manche. Elle ne coûta aux assaillants que 6 tués et 19 blessés.       

 

Les derniers résistants combattants dans Calais se rendent le 1er octobre et si les pertes canadiennes se limitent à quelques 300 hommes pour un chiffre global de 7.000 prisonniers.

 

 

Il reste à conquérir la batterie Oldenburg dite «Le Moulin Rouge» située un peu au nord de la ville. Elle comprend 2 canons SKL 50 de 240 mm provenant d’anciens cuirassés russes datant de la Première Guerre mondiale et placée sous le commandement du 2/MMA 244 de la Kriegsmarine. Apprenant la situation catastrophique des autres points forts, elle choisit également la capitulation qui intervient donc dans cette même journée du 01.10.1944. Le port a beaucoup souffert. Une majorité des installations portuaires sont inutilisable et la remise en état n’interviendra qu’en novembre mais le but est atteint, l’utilisation de Boulogne-sur-Mer est permise. Place maintenant au déminage complet du secteur qui commence immédiatement avec l’arrivée des «Engineers» qui investissent la place.

 

Dans la foulée les casemates du site du Fort Vert (Marine-Küsten-batterie de Waldam) tombent et les Canadiens peuvent se diriger sur Oye-Plage.

L’occupation du Pas-de-Calais dans sa presque totalité, déclarait Churchill, «s’est effectuée à temps. Les armées alliées ont écrasé juste au bon moment la vipère dans son nid». La suite allait, pour un temps encore, lui donner tort.   

 

Churchill semblait apparemment satisfait pourtant les Canadiens sont vivement critiqués pour leur performance à Calais et leur progression était considérée moins performante comparée à celle des autres unités alliées. Montgomery, dont les initiatives par ailleurs avaient jusqu’à présent été jugées hasardeuses et coûteuses en vie humaines et dont les diverses opérations lors de l’avancée en Normandie avaient connu plus ou moins d’échec, avait eu l’audace de critiquer les actions canadiennes qui soi-disant avaient-été «mal gérées et très lentes». Crerar payera les pots cassés et devra partir en «congés maladie forcés», Montgomery qui ne l’appréciait guère le remplaçant par Guy Simonds pour sa future opération sur Anvers.

 

 

Les bombardements du Sud de l’Angleterre prennent donc fin avec cet épisode après quarante neuf mois de calvaire pour la population ciblée. Les prises des rampes de lancement de FSG 76 (bombes volantesV1) étaient aussi une grande victoire mais, la survenue de la fusée ou missile balistique A4 V2 devait, dans un futur proche, replonger le pays dans la terreur. Il faut continuer l’avancée vers le nord de l’Europe et l’Allemagne pour terrasser la «Bête».

 

La deuxième division canadienne monte vers Dunkerque :

 

Le 7 septembre, alors que la 3ème Division canadienne investissait les côtes d’Albâtre et Sud d’Opale, il incombait à la 2ème Division canadienne la poursuite de l’ennemi à travers le secteur de Dunkerque. Lors de la tenue de la conférence de division de Dieppe, le 5 septembre, un plan d’ensemble avait été élaboré à titre d’essai ; la réduction de la ville de Dunkerque ne semblait pas à l’ordre du jour. Dans l’ordre, la 5th Brigade d’infanterie canadienne depuis Montreuil se regroupait au Sud-Ouest de la ville, en forêt d’Eperlecques, la 6th Brigade, avec les Fusiliers Mont-Royal, avait pour mission de passer la frontière belge et d’enlever Furnes, avec le Queen’s Own Cameron Highlanders of Canada de prendre La Panne et avec le South Saskatchewan Regiment d’emporter Nieuport, trois agglomérations au sud d’Ostende.  

 

Le masquage de la ville de Dunkerque (dont la garnison de la forteresse ne compte alors, à la mi-août 1944, guère plus que 3 000 hommes dont un fort contingent d’éléments de la Kriegsmarine en charge du port et des défenses côtières) sera décidé par Montgomery et l’encerclement s’effectue donc du 6 au 16 septembre 1944. Fin août les garnisons du littoral Nord sont confortées et la 226 ID, division d’infanterie commandée par le général Wolfgang von Kluge, reçoit l’ordre de s’établir à Dunkerque. Elle a suivi en désordre le repli général qui l’a conduit sur la côte, d’abord à Calais où elle a laissé une partie de l’un de ses régiments, puis finalement à Dunkerque où elle fixe, à partir du 24 août, l’essentiel de ses forces. Dès le 7 septembre, l’ennemi est avisé que la ville de Bergues est assiégée par les troupes canadiennes qui remonte vers eux mais se trouvent en face d’une forte résistance ainsi qu’à Spycker mais le 7, Hondschoote est libre, le 8 ils libèrent Bourbourg et Gravelines non sans être détournés auparavant car un rapport du 8th Canadian Recce Regiment (8ème régiment de reconnaissance canadien) avait fait état de la destruction des ponts en préventif par les groupes ennemis à Bourbourg-ville et à Gravelines mais ils en avaient trouvé un encore intact pris par le Royal Highland Regiment of Canada et le Régiment de Maisonneuve l’emprunta pour en conquérir un second près de Bourbourg-ville. Il avait fallu, le 7 septembre, se détourner vers Saint-Folquin (Nord de Sainte-Marie-Kerque, Est de Offekerque et Ouest de Bourbourg) pour arriver au Nord du canal de Bourbourg. Dans la ville 2 canons antiaériens de 88mm pouvant servir à l’occasion de canons antichar ou de défense terrestre prenaient en l’occurrence en enfilade la route par laquelle les troupes canadiennes arrivaient. Du haut du clocher de l’église, superbe point d’observation, l’ennemi les avait vu venir. Malgré cela, durant la nuit du 8, l’affaire était faite et la troupe victorieuse n’enregistrait que quelques blessés et 3 tués parmi ses effectifs. Les hommes des Calgary Highlanders s’étaient dirigés quant à eux au Nord-Est de Loon-Plage le 7 septembre derrière le Régiment de Maisonneuve. Marchant à découvert sur la route surélevée parmi les champs inondés, la marche forcée était difficile, pénible et relativement lente afin de prendre toutes les précautions possibles jusqu’à la gare située au Nord de la ville. Bientôt ils durent essuyer un rude bombardement et enfin, après des renseignements erronés qui les induit en erreur et leur occasionna un retard conséquent, les Calgary Highlanders finirent par encercler la gare où ils ne rencontrèrent pas âme qui vive. Compte-tenu de ce moment de répit inespéré ils purent se préparer sereinement à faire mouvement vers Loon-Plage le lendemain matin. De son côté le Royal Highland of Canada prit la direction de Bergues mais se heurtèrent aussi aux problèmes inerrants aux sabotages de l’ennemi. Les routes se dirigeant vers Coppenaxfort ne pouvaient être empruntées car un pont franchissant le canal de Bourbourg avait été détruit à l’explosif et il fallut se détourner vers Grand-Millebrugghe via Looberghe plus à l’Ouest. La compagnie C du Royal Highland of Canada épaulée par le peloton C du 8th Recce Regiment durent progresser également sur une route émergeante des inondations des champs sous l’étroite surveillance des guetteurs ennemis depuis leurs fortins installés sur des élévations de terrain et dominant donc la situation.

 

Le 8 septembre toujours, les voies d’accès à Dunkerque par l’ouest et le sud-ouest devaient être bouclées. La 5th Brigade en avait reçu la charge et ce plan consistait à contribuer au bouclage de la garnison en poste forte d’environ 10.000 hommes. Il fallait pour autant commencer par réduite les avant-postes disséminés dans un périmètre élargi autour de la ville. Loon-Plage avait déjà été éliminé mais il restait encore Bergues, Spycker et Mardyck qui résistaient malgré le siège entretenu. Il fallait également tenir compte des diverses positions d’artillerie disséminées çà et là entre ces fameux avant-postes et cela devint une obligation récurrente. Il est tôt en ce matin du 8 quand les Calgary Highlanders quittent Bourbourg pour se consacrer à l’assaut de Loon-Plage et en arrivant au lieu-dit «Les planches», à mi-chemin de l’objectif, les compagnies rencontrèrent une forte résistance inattendue dans un si petit groupe de maisons isolées. L’escarmouche fut plus ardue que prévue aux abords de Loon-Plage et prévoyant des pertes assez lourdes, la compagnie D fut envoyée sur le flanc gauche à l’ouest afin d’approcher le centre-ville au plus près, soit un demi-mile. Ce que l’on craignait se produisit sans se faire attendre par une violente réaction de l’ennemi. Non ravitaillés en eau et en nourriture depuis près de deux jours et ayant fourni des efforts éprouvants, les Calgary Highlanders durent battre en retraite et retirer les trois compagnies engagées qui n’étaient que de 30 hommes chacune. Une tentative de contre-attaque avec infiltration eut lieu dans la nuit du 8 au 9 mais avorta avec l’arrivée du Régiment de Maisonneuve et au matin les défenseurs quittèrent les lieux et l’entrée dans Loon-Plage put enfin s’opérer sans autre accrochage.   

 

Le 9 c’est Loon-Plage qui reçoit sa libération. Enfin, le 16, Bergues est désertée par les Allemands qui piège le beffroi avant leur retrait. A cette date l’état de siège est «complet». L’ennemi procède à des destructions et les premiers dynamitages sont opérés à Coudekerque-Branche le 28 Août visant à fortifier la nouvelle «poche» en cours de mise en place. Ceux qui affectent les installations portuaires pour empêcher leur éventuelle utilisation par les Alliés ainsi que ceux de certains édifices pouvant service de repère à l’artillerie canadienne se multiplient. La crainte d’un bombardement massif augmente de jour en jour. Plusieurs places autour de la « poche» de Dunkerque en grande partie isolée par les inondations. Malgré un nettoyage en règle de sa périphérie, la ville de Coudekerque est toujours solidement tenue et l’ennemi conserve le fort Vallière où il est retranché.

 

Se servant de Loon-Plage, la semaine suivante, comme base de patrouilles, les Calgary Highlanders restèrent au contact de l’ennemi et s’élança bientôt vers Mardyck situé à 4 km au nord-est et en prit possession le 17septembre. Ceci marqua la fin des opérations de la 5th Brigade canadienne contre les ouvrages du secteur de Dunkerque qui pourra bien attendre ….

 

Montgomery, obsédé par son idée d’une avancée et d’une prise d’Anvers décidera d’abandonner le siège de Dunkerque à quelques unités pour simple observation. La délivrance de la cité n’interviendra que le 9 mai 1945 après la capitulation de l’Allemagne nazie et la mort, peu avant, d’Hitler par suicide dans son bunker et l’arrivée des couleurs soviétiques sur la Porte de Brandebourg.       

 

Nota : En 1943 et 1944, les Allemands commencèrent la construction de 2 batteries de 3 canons de 380mm dans le cadre de la construction du Mur de l’Atlantique, la première au Nord du Havre et la seconde en Norvège qui ne furent d’ailleurs pas achevées. Un seul canon sera mis en service au Havre mais rapidement mis hors d’état de nuire à la suite d’un des bombardements aériens qui précédèrent le débarquement du 6 juin 1944. Après la guerre, une négociation fut menée entre la gouvernement français et le gouvernement norvégien pour un échange de canons ; le cuirassé Jean Bart de la marine française retrouva alors ses 3 canons de 380mm, non encore installés sur le navire, et récupérés intacts par l’occupant dans les arsenaux, tandis que la Norvège récupéra en échange 3 des 4 canons allemands de 380mm de la batterie «Todt» du Cap Gris-Nez.     

 

 Sources : Avec tous nos remerciements pour les mises en ligne sur Internet qui nous ont bien aidé dans nos recherches.

 

Documents : L’Armée Canadienne 1939-1945, Résumé historique officiel – Site du Fort de la Crèche/ Robert Dehon - Ville de Fécamp.fr – www.canasa.ca > défense – Le Courrier Cauchois – La Voix du Nord – Le courrier Picard – Association Fort de Litroz/J.C. Moret – Site Wikipedia – Veterans Affairs of Canada – Library and Archives Canada – France-Crashes 39-45, Dan Carville/CWGC Bomber Command - https://francecrashes39-45.net/page_fiche_av.php?id=1503 – Nord-Littoral, Calais – Service historique de la Défense nationale à Ottawa - https://books.openedition.org/septentrion/71399?lang=fr

 

Ce que vous pouvez consulter (très intéressant) si vous le souhaitez :

 

http://www.atlantikwall.co.uk/atlantikwall/fpc_stp_oldenburg.php

Photos : Direction du port de Fécamp – RetroNews-Bnf – Presse universitaire du Septentrion – Photo taken – Bundesarchiv Bild (divers) – © Bundesarchiv, Bild 146-1977-050-03 / Maier / CC-BY-SA Libre de droits - Banque d’images Internet –

 

Pour votre information :

 

Texte rédigé d’après ces sources par Alain OCTAVIE

Traitement des photos et mise en page par Yannick DEHAYES

 

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31 DECEMBRE 1944.

 

 

Il y a 75 ans, nous approchions de la Saint Sylvestre de l’année 1944 qui avait vu la Libération d’une grande partie de la France par les troupes alliées. Mais, la guerre n’était pas terminée pour autant et une grande partie de l’Europe vivait encore sous le joug nazi. La pieuvre, bien que très affaiblie, bougeait encore ses tentacules assassines et tentait toujours de redresser la tête.

 

Un mauvais vent soufflait encore …et en ce 31 décembre 1944 il allait prendre le nom de NORDWIND (Le vent du nord) pour venir gâcher le réveillon si toutefois il avait été prévu !!!

 

OPERATION NORDWIND (Vent du Nord) fût une des dernières offensives militaires de la Seconde Guerre mondiale, opérée par la Wehrmacht sur le front de l’Ouest. Lancée en Alsace du nord et en Lorraine, elle se déroula du 31 décembre 1944 au 25 janvier 1945.

 

Le général Johannes Blaskowitz (général de l’armée de terre du 3ème Reich est né le 10 juillet 1883 à Paterswalde et Prusse-Orientale et mort le 5 février 1948 à Nuremberg … suicide ? – alors qu’il allait être retenu non coupable), nouvellement nommé au commandement du groupe d’armée G, est responsable de l’opération et des moyens somme toute importants sont mis à sa disposition.

 

Cette opération débuta donc le 31 décembre, vers 23h30, sans préparation d’artillerie préalable afin de conserver au maximum l’effet de surprise, date à laquelle les alliés sont supposés relâcher leurs efforts pour fêter le passage au nouvel an 1945. Le choc est effectivement présent devant les assauts qui s’effectuent par vagues successives mais le ressaisissement intervient assez rapidement.

 

La 17ème Panzergrenadier division SS Götz von Berlichingen, avec cinq compagnies vêtues d’uniformes blancs de camouflage d’hiver, se lance devant les bataillons de première ligne du 71st Infantry regiment américain dans le secteur de Rimling (pays de Bitche en Moselle). Une farouche résistance s’installe suite à la réception de renforts et au déclenchement de tirs d’artillerie et de mortiers. Bien que les assaillants accusent de fortes pertes, les combats font rage une compagnie américaine est débordée sur son flanc, obligeant le reste des forces à battre en retraite. Pourtant, s’arque boutant sur leur position de repli, le 1er janvier 1945 vers 2h30 du matin, l’ennemi est presque stoppé et ne progresse plus que très lentement et la 256ème division d’infanterie ne gagne que 6 km. 

 

Les troupes américaines appuyées par des unités françaises mettront un terme définitif à cette offensive le 25 janvier 1945 après des combats de grande intensité et des batailles de chars dans les environs de Hatten (presque entièrement détruite) et de Rittershoffen (Bas-Rhin) entre le 8 et le 20 janvier.  

 

 

 

Hommage aux aviateurs à OULINS

 

L’association Liberty-Jeep était, quatre ans après, de nouveau présente pour la seconde édition de la « Libération du Canton d’Anet » qui se déroule encore aujourd’hui et jusqu’au lundi 16 mai 2016 inclus.

 

Un article paraitra sur cette manifestation à l’issue, mais nous souhaitons déjà mettre l’accent sur une petite mais magnifique célébration qui s’est déroulée le samedi après-midi dans l’enceinte du petit cimetière communal d’Oulins.

 

Blotties autour de son église,  les quelques sépultures des anciens habitants du village comptent parmi elles, depuis la seconde guerre mondiale, les tombes de trois aviateurs britanniques dont le bombardier s’est écrasé sur les collines situées au-delà du mur d’enceinte du haut de ce lieu sacré.

 

En ce 14 mai, un convoi conséquent de quelques quarante véhicules, en majorité des Jeeps, Dodges et GMC, s’était formé au départ du camp de la Friche du château d’Anet avec pour destination ce charmant petit village d’un peu plus d’un millier d’habitants dont une partie nous accueillirent avec drapeaux français et britanniques à la main et en les agitant avec ferveur. Quel superbe moment de plaisir !

 

Après avoir garé nos véhicules dans un grand champ mis à notre disposition, nous formions les rangs et en cortège nous nous dirigeons vers le lieu de la cérémonie accompagnés par le maire et les membres du Conseil municipal, des porte-drapeaux, des habitants (adultes et enfants). Après un dépôt de gerbe effectué par Monsieur le Maire et son premier adjoint et les honneurs rendus au son de la cornemuse écossaise suivi d’une minute de silence, Nous avons écouté un discours simple mais émouvant. Nous avons pu, avec une grande émotion, ressentir toute la sincérité des paroles prononcées, avec des trémolos dans la voix, par un édile très respectueux des fonctions qui lui ont été confiées et qui, à la fois très malheureux par le sort de ces jeunes aviateurs de la R.A.F (Royal Air Force) et de la R.C.A.F (Royal Canadian Air Force) dont le plus jeune n’avait que 19 ans mais aussi très fier de pouvoir honorer leur mémoire dans le cimetière de sa commune et qui nous a narré les deux crashs survenus sur son territoire communal. Cet homme d’une grande simplicité, fier de porter l’écharpe tricolore, a tenu à nous expliquer la venue de la famille d’un de ces aviateur, dont le corps ne repose pas dans ce cimetière mais dont les restes du  corps furent retrouvés bien plus tard sous les débris de l’avion au moment de l’enlèvement de la carcasse calcinée, lors de l’inauguration d’une plaque commémorative fixée sur le mur extérieur de l’église face aux sépultures de ses camarades d’infortune. Il est encore bouleversé par cette rencontre et éprouve beaucoup de mal-être à en parler aujourd’hui tant l’émotion fut intense.

 

A la demande de cet élu bien sympathique qui semblait y tenir particulièrement, nous avons entamé une Marseillaise avec beaucoup d’entrain et ce fut un moment très solennel.

 

Nous avons ensuite été invités à un superbe « pot de l’amitié » offert par la municipalité qui avait grandement fait les choses et avons pu discuter avec nos hôtes, grands et petits, en toute cordialité tant notre venue semblait avoir été appréciée. Cet accueil de la population d’Oulins et de ses représentants officiels a été un grand moment de joie et de partage dans un magnifique cadre rural de calme, de grande sérénité, de patriotisme sans faille et de respect profond pour nos libérateurs.

 

Nous avons pu, à cet effet, énormément apprécier à notre tour les paroles de bienvenue et les encouragements à persévérer dans nos actions de « devoir de mémoire » pour perpétuer dans le temps le souvenir de tous ces jeunes soldats venus parfois de très loin pour libérer notre pays du joug nazi car il est sur que notre présence en grand nombre a apporté son petit effet. Ne boudons pas notre plaisir …

 

Un peu d’histoire désormais pour rappeler pourquoi nous sommes venus ici en ce week-end de Pentecôte qui ne coïncide pas vraiment avec la date de la libération du secteur car les alliés n’avaient pas encore débarqué sur nos côtes mais parce que nous pouvions, pour présenter un camp digne de ce  nom, bénéficier de trois jours consécutifs et par cela même animer le Canton plus longuement.

 

 

Les « crashes » sur la commune d’Oulins :

 

Le 08 juillet 1944, sur la colline surplombant le cimetière communal, l’Avro Lancaster – type B I – sérial n° ME668 ZN-L du 106 squadron de la R.A.F, qui avait décollé à 22h35 la veille du terrain de Metheringham dans le Lincolnshire (U.K), fut touché par la Flak puis pris à partie par 2 chasseurs de nuit allemands alors qu’il revenait d’une mission de bombardement sur le site de bombes volantes V1 de St-Leu-d’Esserent dans l’Oise. Il est partiellement évacué en parachute vers 01h15 alors que ses quatre moteurs sont en flammes. Deux hommes sautent en parachute à 12000 pieds et atterrissent sains et saufs.

 

Le pilote sera le dernier à s’éjecter à 500 pieds d’altitude alors que trois hommes sont morts durant l’attaque. D’après M. le Maire, les trois « rescapés » furent fait prisonniers par les Allemands qui les exécutèrent dans l’heure qui suivit ( ?) mais nous avons des éléments qui ne corroborent pas ces dires.

  • Le Flight Lieutenant Geoffrey Norman MARCHANT, le pilote, de la Royal Australian Air Force, matricule 421814, né le 29.05.1920 à S. rabdwick, New South Wales, Australie fut fait prisonnier et envoyé au Camp Luft III (Fraustadt) sous le N° 7351.
  •  
  • Le Sergeant F. WELLS, mécanicien, de la Royal Air Force, matricule1582186 fut envoyé au Stalag Luft VII (près de Bankau à la frontière polonaise) sous le N° 375.
  •  
  • Le Flying Officer Arthus G KINNIS, bombardier, de la Royal Canadian Air Force, matricule J/26316 initialement évadé, il fut repris et dirigé sur la prison de Fresnes (94) puis envoyé au Stalag Luft III (Sagan) puis en février 1945 au Stalag Luft IIIA de Luckenwalde et fut libéré par les troupes soviétiques – prisonnier N° 8055.

Trois corps sont retrouvés sur le lieu de l’accident et inhumés dans le cimetière communal d’Oulins :

  • Le Flying Officer William, Gordon HARDCASTLE, navigateur, de la Royal Air Force Volunteer Reserve, matricule 151165, 24 ans, fils de William et Charlotte, Maud, Hardcastle, de Balham, London. 
  •  
  • Le Sergeant William, Bert, GLADSTONE, mitrailleur, de la Royal Air Force Volunteer Reserve, matricule 1835119, 19 ans, fils de Thomas, Frederick, Bert et Elisabeth, Emma Gladstone, de Hornchurch, Essex.
  •  
  • Le Flying Officer Frank, Gordon PATERSON, mitrailleur, de la Royal Canadian Air Force, matricule J/28547, 22 ans, fils de Donald et Lydia Paterson, de Toronto, Ontario, Canada. B.A.

Les restes carbonisés d’un quatrième corps, celui qui manquait jusqu’à présent et dont ont ne savait pas ce qu’il était devenu, a été retrouvé plus tard sous la carlingue de l’avion ; il s’agit du Warrant Officer Hilton, Craig BELL, le radio operator, matricule 413946 de la Royal Australian Air Force, 22 ans, né le 06.07.1922, fils de Sidney et Violet, Hilda Bell, de Fairfield, New South Wales (Nouvelles Galles du Sud). Australie.

 

Son nom figure sur le Mémorial des disparus de Runnymède (U.K) sous le n° d’enregistrement P259 et sa mémoire est honorée sous forme de la plaque apposée sur l’église du village.

 

A la même date, provenant de la même base et appartement au même squadron, engagé également sur le bombardement de St-Leu-d’Esserent, l’Avro Lancaster type B I – sérial N° ME831 ZN-R qui avait décollé à 22h40 le 7/7 a été touché par la Flak et fut abandonné par son équipage vers 1h00 du matin le 08 juillet 1944 sur la rive Est de l’Eure à peu près à 3 km à l’Est d’Oulins.

 

 

 

 

Cinq hommes réussirent à s’évader et furent pris en charge par la Résistance française, il s’agit de :

 

Le Pilot Officer A.S MONAGHAN, pilote, le Sergeant C.F SWINLEY, mécanicien, le Flying Sergeant H.G PHILPOTT, navigateur, le Flying Sergeant S.F GAY, mitrailleur, le Flying Sergeant R.K SHERIDAN, mitrailleur.

 

Deux furent fait prisonniers :

 

Le Flying Sergeant N.C.T WAND, bombardier, matricule 1603399, prisonnier N° 420 et  le Sergeant G.A POULTER, Radio, matricule 1323162, prisonnier  N° 405 qui rejoignirent le stalag Luft VII.

 

Un grand merci à Monsieur Pascal LEPETIT, Maire d’Oulins et aux membres du Conseil Municipal ainsi qu’aux supers bénévoles des Services municipaux sans oublier les très sympathiques Oulinois et Oulinoises qui nous ont réservé ce magnifique accueil, ces sourires généreux et cette gentillesse qui nous a tous touchés au plus profond de nous-mêmes.

 

Alain OCTAVIE

L’Association LIBERTY-JEEP  (http://www.liberty-jeep.info)

 

Ainsi que tous les participants de ce convoi et de cette cérémonie …